Quelle valeur donner à une sélection All-star ?

Entre assurer un show avec des superstars et récompenser les joueurs méritants, la NBA peine à trouver l’entre-deux.

13. Michael Jordan a participé à 13 reprises (sur 14 sélections au total) à un All-Star game dans sa carrière. Un nombre qui tient presque de l’anecdote tant le palmarès du 23 des Bulls est dense ; une simple ligne de plus parmi des dizaines d’autres. Mais pour d’autres joueurs, non Hall of Famer en devenir, une simple sélection All-star passe pour une vraie bénédiction, un accomplissement, un vrai plus sur le cv de tout basketteur. L’histoire regorge d’exemples de joueurs qui, durant au moins un an, ont eu le calibre All-star, cette étiquette ouvreuse de gros contrats : Jamaal Magloire (2004), Chris Kaman (2010), Devin Harris (2009)…

Or le système de vote actuel qui, sauf erreur, a toujours été tel, consacre autant, sinon plus, la popularité du joueur que ses performances sur le terrain. 2012 n’échappe pas à la règle : dans les deux cinq votés par le public, il y a des incontestables mais aussi des largement contestables. Si LeBron James, Kevin Durant, Derrick Rose, Kobe Bryant, Dwight Howard ou Chris Paul semblent tout-à-fait légitimes, on ne peut pas en dire autant de Carmelo Anthony, meilleur exemple de la cuvée 2012. 23,8 points de moyenne (1 point en moins que sa moyenne en carrière) à 40% aux shoots (plus faible pourcentage en carrière) est loin d’être scandaleux. Mais son manque de leadership pour sortir New York (8-14 !) du trou jusque-là, justifie à lui seul son illégitime titularisation. L’Est aurait certes beaucoup ressemblé au Heat mais Chris Bosh, auteur d’une belle saison, devrait être à la place de Melo.

Nombreuses inepties dans le vote

À l’Ouest, une paire Marc Gasol LaMarcus Aldridge n’eut été pas autant méritante que le tandem Andrew Bynum BlakeGriffin ? Force est de constater que Memphis et Portland ont des pouvoirs d’attractivité moindre par rapport à Los Angeles. Cette fameuse « hype » a des répercussions sur le vote des fans qui vont considérer les uns plus « sexys » que d’autres. Quid de Kevin Love dans tout ça ?

Sur le site de nba.com, on évoque les sélectionnés comme des « familiar faces », soit précisément le problème récurrent du système de vote des cinq. Hormis Bynum, les autres sont déjà de multiples All-Star. Autrement dit, ce sont des habitués de l’événement et nous, spectateurs, le sommes tout autant à les retrouver chaque année. Pour tout fan de NBA, penser Amare Stoudemire ou Dirk Nowitzki, c’est penser All-Star game. C’est un automatisme permis grâce à la popularité, le calibre du joueur gagné à travers les années.

Résultat, STAT a terminé 3ème parmi les ailiers de l’Est, loin devant Bosh alors même qu’il sort l’une des pires saisons en carrière et n’est pas moins perdu que son collègue Melo. À l’Ouest, l’Allemand a fini 4ème des ailiers devant Love et Aldridge alors que le MVP 2011 des Finals sort sa plus faible production statistique depuis son année rookie. Malgré de piètres performances, le public trouve logique de les retrouver chaque année à l’événement. On peut en dernier recours citer la 8ème place de Lamar Odom, devant Gallinari et Gay : une ineptie (parmi tant d’autres).

Fort heureusement, la bonne idée est de donner aux coachs la responsabilité de sélectionner le reste de deux équipes. Seulement, la réputation et la popularité d’un joueur pèsent là encore dans la balance. Alors non, ce n’est pas totalement impossible de voir Dirk ou Amare sur leur banc respectif à Orlando.

Réformer le système de vote

Ce système de vote du public est sympa pour son côté participatif. En revanche, il privilégie davantage le show que le mérite. Le spectateur et la NBA veut voir deux cinq sexys être face à face. La NBA est un show permanent et ne peut se permettre de passer à côté d’un tel événement. Pour sûr, mettre Love à la place de Griffin dessert clairement le spectaculaire. Mais statistiquement et au niveau de l’impact sur les résultats de son équipe, Love mérite tout autant sinon plus que Griffin sa place de titulaire.

Le vote du public est donc clairement un vote de popularité. Ce système doit être réformé. La sélection des 12 joueurs de chaque équipe par les coaches serait bien plus approprié. Ensuite, le coach de la sélection aurait l’embarras du choix pour la formation de son cinq.

Histoire de nuancer le tout, il y aura tout de même tous les ingrédients à Orlando pour bien profiter de ce All-Star game, cette année encore.

PronostiCs

  • Les must-be remplaçants de l’Est

Brandon Jennings doit honorer sa première sélection. Le meneur des Bucks arrive enfin à maturité avec ses 20 points de moyenne, le tout avec son meilleur pourcentage en carrière (44%) et moins de ballons perdus. Autre argument choc : Milwaukee est dans la course aux playoffs. Seulement, il y a de très fortes chances que Deron Williams lui souffle sa place… Une sélection d’Andre Iguodala serait loin d’être imméritée. Certes, ses stats sont moins bonnes que par le passé mais son impact n’a jamais été aussi grand et aujourd’hui, la no-star team Philadelphie (16-6) occupe la troisième place à l’Est. Un autre poste 3 incontournable cette saison, c’est Paul Pierce. Depuis son match référence à Washington, Pierce enchaîne les perf’s et permet à Boston de survivre en attendant Rondo. À 34 ans, The Truth est dans la place. Évoqué plus haut, Chris Bosh sera un All-star tout-à-fait légitime. Un second pivot sera sélectionné, forcément un jeune qui honorera une première sélection. Cela se jouera entre Roy Hibbert et Greg Monroe, bien que Anderson Varejao mériterait à gagner du crédit. Il ne faut pas oublier Tyson Chandler qui tient la baraque à NY. Pour finir, il ne serait pas surprenant de voir deux Hawks récompensés : Joe Johnson et Josh Smith. Attention tout de même au run de Danny Granger qui sera considéré.

  • Les must-be remplaçants de l’Ouest

Cette année, il ne faudra pas trancher entre Kevin Love et LaMarcus Aldridge : il s’agira tout simplement de prendre les deux ! Si ce n’est pas le cas, ce sera tout simplement scandaleux, encore plus que l’an dernier. Russell Westbrook n’a pas encore atteint son plus haut degré de maturité mais reste un élément essentiel au succès du Thunder, numéro 1 de la ligue ; sa place est légitime. Pour la dernière place de meneur, cela se joue entre Nash (encore très en forme), Lowry (gros début de saison mais a largement levé le pied depuis) et… Tony Parker. En vue de ses dernières sorties et du bilan de son équipe, le Français part favori. En complément à l’intérieur, les coaches doivent choisir Al Jefferson et Marc Gasol, incontournables dans leur équipe respective. En dernier lieu, un mini-choix surprise. Puisque les Nuggets talonnent toujours OKC, autant prendre leur meilleur représentant, à l’instar du choix d’Iguodala pour représenter les Sixers à l’Est, en l’occurrence l’italien Gallinari.

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